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Mélinda aimerait décidément se reposer un peu. Mais elle n’y parvient pas. Elle se retrouve dans un état de stress que même le sommeil ou encore la lecture ne peuvent apaiser. En réalité, Mélinda a peur, terriblement peur. Premièrement, parce qu’un nouveau chemin de vie s’offre à elle. Osera-t-elle tout remettre dans la balance ? Au risque de tout perdre. Elle a l’impression de ne pas avoir véritablement le choix. Pourtant, elle freine encore des quatre fers et n’y va pas franco.

Qu’est-ce qui l’empêche de se jeter corps et âme dans le vide et de faire enfin confiance en la vie ? Une seule chose : le regard des autres. Le regard de sa famille principalement. Elle a peur du jugement de ses proches. Elle a peur du jugement de ses connaissances. Mais au fond, est-ce vivre que de vivre dans la peur de ceci ou de cela ? Mélinda aimerait bien qu’on la rassure tout en sachant pertinemment que cela est peu réaliste.

Elle se doit de montrer l’exemple à elle toute seule. Elle se doit d’être une femme forte, solide. Inébranlable. Plus tard peu être pourra-t-elle se reposer une fois qu’elle aura réalisé ce qu’elle doit faire. En attendant, elle a l’impression d’avoir écopé de vingt piges. Accepte-t-elle cette mission ? À l’idée que la refuser impliquerait de vivre dans la peur et que cela ne l’aidera ni elle, ni les autres, la réponse semble évidente.

Si ce n’est que pour elle, elle ne fera rien. Mais c’est pour être un modèle, alors elle sait qu’elle le fera. Aider les autres de cette manière est son moteur. C’est un puissant déclencheur d’action. Elle se le rappelle à présent. Elle sent soulagée, remercie Dieu une nouvelle fois et s’excuse encore de mettre tant de temps à comprendre. Elle le sait : la vie est courte. Elle n’a pas de temps de se prendre la tête avec son ego.

Mélinda se fit alors la promesse d’accepter au moins une fois par jour les propositions des anges envoyés par Dieu. Elle s’y efforcera de tout ce tout son petit coeur. Soudain, beaucoup d’émotions virent lui remplir la poitrine. D’avoir de la joie, puis de la grâce, ensuite de la reconnaissance et, enfin, du soulagement. Elle se sentait enfin apaisée, en paix. Vous savez, cette paix qui ne dépend pas de l’extérieur, mais uniquement de soi.

Une douce expérience, une belle expérience qu’elle eut envie de partager avec le monde entier. Ce soir-là, Mélinda chanta. Elle chanta de façon toute simple en se contenant de fredonner de façon aléatoire. Un peu dans les aiguës, puis dans les graves. Peu dans les médiums, car Mélinda aime beaucoup les contrastes. Elle se montra au monde dans toute sa simplicité. Une beauté simple et épurée comme il y en a tant dans ce monde.

Subitement, Mélinda sentit la faim venir. Elle avait la tête qui tournait et la respiration courte. L’hypoglycémie était en chemin et elle le sentait. Elle prit le temps de marquer une courte pause dans ses pensées et alla se préparer de quoi dîner. Des clubs sandwichs au poulet et à la mayonnaise feront très bien l’affaire. C’est parti, dans un élan de furie, Mélinda enfila son tablier et se mit à l’ouvrage.

Elle cuisina pendant une bonne demi-heure puis ouvrir une bonne bouteille de vin et s’en servit un verre. Avec parcimonie pour éviter tout risque de perdre les pédales. Mélinda se sentait à la limite de l’extase avec tout le sucre qui lui manquait dans le sang. Mais grâce à son plat de digne d’un respectable bistrot parisien, elle put commencer à se rassasier. Elle se sentait, à cet instant très précis, particulièrement fière d’elle. Elle passa une excellente nuit.