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Mélinda surfait sur la vague de son enthousiasme débordant, elle était au summum de l’extase quand, soudain, son téléphone sonna. C’était Adrien, l’un de ses collègues de travail qui l’appelait.

« Mélinda, c’est Adrien au téléphone. Je t’appelle pour savoir si tout va bien, car cela fait trois jours que tu ne réponds à aucun de mes messages.

– Pardon Adrien, je suis désolée. Je viens de traverser une période assez intense émotionnellement parlant.

– Oh, je comprends… Tu veux me partager ce qui s’est passé Mélinda ?

– Oui Adrien, je veux bien. »

Adrien l’écouta attentivement pendant de longues minutes durant lesquelles le temps suspendit son vol. Puis, quand le silence se fit, il partagea son étonnement avec Mélinda.

« Mais pourquoi veux-tu faire cela, Mélinda ? Les gens font leur vie. Même s’ils font de mauvaises choses, cela ne te regarde pas, ce ne sont pas tes affaires. Pardonne-moi d’être un peu cru et d’aller droit au but, mais tu ne serais pas en train d’essayer de sauver l’humanité toute entière Mélinda ? »

Le silence se fit et il dura longtemps. Mélinda pensait. Elle réfléchissait. Elle prit tout son temps avant de répondre à Adrien.

« Ta logique semble implacable, mais elle n’est d’aucun effet sur moi. Pour la simple et bonne raison que je suis une envie. Et cela n’a rien de rationnel. Je ne peux pas lutter contre elle. Quand tu as bien mangé et que tu as l’envie fulgurante d’aller aux toilettes, tu ne peux pas lutter bien longtemps. Des gens arrivent sans doute à se retenir, mais au bout d’un moment, c’est le corps qui en prend un coup. Adrien… Je t’apprécie beaucoup, mais il faut que ça sorte. Si j’écoute ce que tu dis, je ne vais pas me sentir bien. Tu comprends ?

– Oui, je comprends tout à fait. Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à t’encourager Mélinda.

– Merci Adrien. »

Sur ce, ils raccrochèrent et Mélinda alla prendre une bonne douche chaude. Une douche presque bouillante, mais que voulez-vous, c’est comme cela qu’elle les aime. C’est ça qui lui permet de se ressourcer, n’en déplaisent aux écologistes extrémistes qui prônent l’abnégation de soi au profit de la planète. Car à quoi bon vivre tristes sur une planète soit disant préservée ?

Mais elle savait pertinemment qu’Adrien n’avait pas pensé à mal. Il ne souhaitait pas lui faire le moindre mal. Au contraire, il avait réellement à coeur de l’aider. Mais il était loin encore de pouvoir comprendre certaines choses… Et c’est alors que Mélinda eut terriblement peur qu’il la quitte. Ils n’étaient pas vraiment ensemble, mais elle ne voulait pas qu’il parte. Elle voulait qu’il reste près de lui, qu’il ne l’abandonne pas. Était-ce égoïste ? Peut-être. Peut-être pas. Répondre à cette question reviendrait à juger une situation sans en avoir tous les tenants et les aboutissants.

Mais elle accepta symboliquement qu’il puisse partir s’il était plus heureux ailleurs. Mélinda sentait que la Vie la poussait, l’invitait, la contraignant à être forte, à se montrer forte à devenir plus forte. Dans sa tête, il y avait beaucoup de confusion sur ce que la Vie attendait d’elle, mais ce n’était pas grave, elle sentait qu’il suffisait d’attendre et de laisser décanter.

Elle avait reçu l’information. Elle devait quitter ses anciens schémas de pensée pour se montrer forte, enfin. Pas facile pour quelqu’un qui n’avait jamais eu l’impression de l’avoir été, mais… elle sentait que la Vie lui mettait sur son chemin les épreuves adaptées pour grandir dans cette direction-là. Patience était donc devenu le maître-mot.